La BD et les jeux vidéo
Récemment entré dans la classification des arts, benjamin de la famille, le jeu vidéo est un jeu électronique disposant d’une interface utilisateur permettant d’interagir de manière ludique avec un retour visuel vidéo.
La bande dessinée et les jeux vidéos partagent de nombreux codes en commun, notamment la séquentialité. Une des particularités de la bande dessinée est le travail de reconstruction du lecteur, dû à l’espace qui existe entre deux cases. De la même manière, dans le jeu vidéo, les sessions interactives sont souvent entrecoupées de cinématiques, qui servent soit d’ellipses temporelles soit de scène d’exposition à de nouveaux personnages, intrigues ou lieux. Le fonctionnement du jeu vidéo est similaire.
Le processus de création est également le même, plus particulièrement depuis l’arrivée du numérique : des personnages dessinés, dans des décors imaginés, au sein d’une histoire scénarisée.
On retrouve beaucoup des codes de la bande dessinée dans le jeu vidéo, comme l’utilisation des onomatopées (« pif », « paf », « bang »). L’inverse est également vrai puisqu’une bande dessinée comme Scott Pilgrim se construit sur le modèle du jeu vidéo. Le héro éponyme tombe amoureux de la belle Ramona FLowers et, pour conquérir le cœur de sa belle, doit combattres ses sept ex-petits amis, forcément maléfiques. Chaque ex symbolise un niveau et le trait même du dessin rappelle l’esthétique d’un jeu vidéo un peu vintage.
La bande dessinée interactive et la complémentarité des univers
Avec la création de la bande dessinée interactive, comme dans la plupart des jeux vidéos, le lecteur prend des décisions qui influent sur la suite de l’histoire. Plusieurs chaînes de télévision s’approprient le concept pour le diffuser sur leur plateforme en ligne : France 24 sort Iranorama, une bande dessinée contant le parcours d’un journaliste pendant la présidentielle iranienne et Arte lance Anne Frank au pays du manga, essayant d’établir un parallèle entre la Shoah et la tragédie d’Hiroshima de manière interactive.
Les sujets abordés sont souvent semblables : on repère l’importance des univers de science-fiction et de fantasy, avec un scénario tournant autour de la quête, du combat et du voyage initiatique. Ce serait faire un gros raccourci de dire que la bande dessinée et le jeu vidéo ne traitent que de ça mais cela reste un nœud important du genre.
Le fait de décliner un même univers sur deux supports différents permet également une plus grande liberté. Le jeu vidéo, s’il est très tolérant à la violence, n’accepte que très peu la nudité, à l’inverse de la bande dessinée, qui permet également d’aborder des sujets plus durs, ou plus compliqué à traiter, tel que la politique. La bande dessinée prolonge l’expérience du jeu en enrichissant l’univers déjà existant et en proposant une adaptation graphique avec une véritable vision artistique.
À titre d’exemple, les deux volumes d’Assassin’s Creed Bloodstone permettent d’explorer un élément jamais abordé. La bande dessinée apporte alors un contenu original supplémentaire, complétant l’expérience des fans tout en se conformant aux codes visuels et narratifs du jeu vidéo.
Envie d’en savoir plus ?
- Game Over, Bad Cave, Adam et Midam (2019, Glénat)
- Dofus, t. 22 : Les merveilleuses cités gores, Tot et Ancestral Z (2015, Ankama)
- Homestuck, Andrew Hussie (2009, Webcomic)