Appel à communications – Colloque BD
Par-delà les frontières
2e Colloque international du FBDM
Le Festival BD de Montréal (FBDM) et le Centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises (CRIEM) de l’Université McGill sont heureux de vous convier à la 2e édition de son colloque international en BD, intitulé Par-delà les frontières, qui se tiendra les 19, 20 et 21 octobre 2023, à Montréal. Cet événement a pour objectif de rassembler les chercheur·euse·s intéressé·e·s par le 9e art et les artisan·e·s de la bande dessinée autour de présentations de recherche, d’expériences de terrain et de discussions. La direction scientifique du colloque est assurée par Anna Giaufret, professeure adjointe au Département de langues et cultures modernes de l’Université de Gênes; elle est appuyée par un comité scientifique pluridisciplinaire de chercheur·euse·s et de praticien·ne·s du 9e art.
Par-delà les frontières
Qu’elles soient politiques, géographiques, sociales, langagières, culturelles, graphiques, métaphoriques, réelles ou imaginaires, les frontières sont dessinées et appréhendées de nombreuses façons par les bédéistes. Elles peuvent être traversées, franchies, dépassées ou être le lieu de l’attente et de limbes politiques (pensons aux différentes Chroniques de Guy Delisle ou encore à la récente adaptation du récit de Thomas King par Natasha Donovan, Borders.) Qu’elles soient étanches ou poreuses, les frontières s’accompagnent également de divers phénomènes sociaux et culturels, que ce soient des mouvements migratoires (Là où vont nos pères de Shaun Tan, Khiêm. Terres maternelles de Yasmine et Djibril Morisette-Phan ou Threads: From the Refugee Crisis de Kate Evans), ou une revendication par des peuples d’un territoire et des traditions qui s’y rattachent (Payer la Terre de Joe Sacco). De quelles façons ces frontières façonnent-elles le territoire ? Quels sont les impacts sociaux et culturels de cette affirmation de territorialité ?
D’autre part, les frontières graphiques (celles de la case et de la planche, par exemple) peuvent être utilisées en tant que contraintes génératrices, comme chez Lewis Trondheim, ou bouleversées, voire éliminées, comme chez Brecht Evens. Comment les auteur·rice·s jouent-ils ou elles avec ces frontières graphiques ? Comment est-il possible de les exploiter afin de produire des effets de sens ? En effet, le découpage de la planche et de la double planche, qui permet de projeter la diachronie (développement narratif) sur la synchronie (perception globale de la part du lectorat) est un des atouts du 9e art, qui en constitue une des spécificités. Dans ces albums – qu’ils soient personnels ou collectifs –, par quels mécanismes leurs créateur∙rice∙s peuvent-ils ou elles brouiller d’autres types de frontières : le réel et la fiction, voire les délimitations du médium ? Parce que si les frontières peuvent êtres contraignantes, des limites tracées sur la page, elles peuvent également être un appel au dépassement, à l’exploration et à la mise en évidence de leur porosité.
Par quels moyens les bédéistes traversent-ils ou elles les frontières de la bande dessinée ? Les propositions de communications de ce deuxième colloque international sur la BD peuvent répondre à un ou à plusieurs des axes suivants :
Traverser les frontières
Les frontières physiques, par leur présence, différencient ce qu’elles séparent, qu’elles soient en place pour des raisons politiques, territoriales, géographiques ou autre. Les franchir présuppose un changement d’état, mais quels sont les effets de la mobilité sur le lieu d’accueil ? Que laisse-t-on derrière soi lorsque l’on traverse une frontière, et qu’arrive-t-on à transmettre à la suite de ce passage ?
De nombreuses œuvres de bande dessinée abordent ces questions par le prisme des mouvements migratoires (L’année du lièvre de Tian, La bolla di Ventimiglia d’Emanuele Giacopetti, When Stars Are Scattered de Victoria Jamieson et Omar Mohamed), de la transmission culturelle (Rita sauvée des eaux de Sophie Legoubin-Caupeil et Alice Charbin, The Roles We Play de Sabba Kahn, I Was Their American Dream de Malaka Gharib), ou l’analyse de la ville frontalière (De l’autre côté de la frontière de Jean-Luc Fromental et Philippe Berthet, Juarez de Nathalie Sergeef et Corentin Rouge, Safe Area Gorazde de Joe Sacco).
Entre les frontières
Une frontière, tant physique que métaphorique, suppose qu’elle constitue un seuil, entre deux états, deux lieux, deux moments. Cette frontière qui scinde est génératrice d’incertitude, tout aussi riche de sens. Les artisan·e·s de la bande dessinée explorent cet aspect de liminalité tant par des techniques graphiques que narratives, brouillant les perceptions plus classiques du médium, qui est à tort considéré comme limitrophe au dessin et à la littérature. Les récits de la mixité – identitaire, culturelle ou sociétale – sont également de riches sujets pour les bédéistes (Persépolis de Marjane Satrapi, L’arabe du futur de Riad Sattouf, The Magic Fish de Trung Le Nguyen, Turba. Memorias de Malvinas de Lauri Fernández).
Transcender les frontières
Le médium de la bande dessinée transcende parfois les frontières géographiques ou culturelles, que l’on pense au succès du manga à l’international, ou bien les nombreuses traductions qui donnent accès à des récits d’ailleurs. Les bandes dessinées font également l’objet d’adaptations dans d’autres disciplines artistiques ou s’en inspirent pour raconter des histoires au potentiel universel. Également par l’absence ou l’éclatement des frontières graphiques, la mixité des genres ou bien la pluralité des formats, la bande dessinée se joue parfois des codes établis par la courte histoire du médium (Here de Richard McGuire, Suicide Total de Julie Doucet, Red un manga haïda de Michael Nicoll Yahgulanaas, On a Sunbeam de Tillie Walden, Vil et misérable de Samuel Cantin, À découper selon les pointillés de Zerocalcare).
Appel à communications
Nous invitons les personnes intéressées à participer à la 2e édition de ce colloque international à soumettre une proposition de communication – en français ou en anglais – par courriel, à l’adresse suivante : colloquebd@fbdm-mcaf.ca. Les propositions doivent être envoyées au plus tard le 28 mai 2023.
Les résumés ne doivent pas dépasser 500 mots (sans compter les références bibliographiques) et doivent être accompagnés d’une notice biographique (150 mots maximum) précisant le nom et l’affiliation du contributeur ou de la contributrice. Il importe également d’indiquer le mode préféré pour la participation au colloque : en personne ou virtuel.
La durée des présentations est de 20 minutes maximum. Une période de discussions suivra les présentations. Les actes du colloque seront aussi sujets à publications. Finalement, bien que Par delà les frontières sera présenté en mode bimodal, ses organisatrices encouragent les participant·e·s à contribuer aux échanges du colloque grâce à leur présence physique, à l’Esplanade Tranquille à Montréal.
Dates importantes
28 mai 2023 Date limite pour l’envoi des propositions
19 juin 2023 Avis aux auteur·rice·s
26 juin 2023 Confirmation de participation par les auteur·rice·s
19-21 octobre 2023 Par-delà les frontières : 2e colloque international du FBDM
Qui sommes-nous ?
Directrice scientifique
Anna Giaufret, professeure adjointe, Département de langues et cultures modernes, Université de Gênes, Italie
Le Festival BD de Montréal
Depuis plus de 10 ans, le FBDM offre une plateforme d’échanges et de rencontres entre les acteur·rice·s du milieu et leurs publics. Grâce à son rendez-vous annuel du printemps, le FBDM promeut la bande dessinée québécoise et canadienne localement et à l’international, tout en contribuant au développement et à la diffusion des connaissances sur le 9e art.
Centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises
Regroupant plus de 70 chercheur·euse·s provenant de plus de 15 institutions universitaires montréalaises, canadiennes et internationales, le CRIEM fédère la recherche interdisciplinaire faite sur Montréal. Il contribue également à la conception, à la coordination et à la diffusion de projets de recherche-action cocréés avec les acteur·rice·s des secteurs sociaux, économiques, culturels, communautaires et municipaux de la métropole.
Comité organisateur
Mélanie La Roche, directrice générale, FBDM
Virginie Mont-Reynaud, directrice de la programmation, FBDM
Audray Fontaine, coordonnatrice en transfert des savoirs, CRIEM
Johanne Desrochers, directrice générale 2014-2022, FBDM
Maude Bourassa-Francoeur, chargée de projets en médiation culturelle, FBDM
Nous joindre
Pour toute information concernant la soumission de proposition de communication et le colloque, vous pouvez joindre le comité organisateur à l’adresse suivante : colloquebd@fbdm-mcaf.ca
Bibliographie sommaire
Baetens, Jan, et Hugo Frey (2014), The Graphic Novel : An Introduction, Cambridge University Press, Kindle Edition.
Dardaillon, Sylvie, et Christophe Meunier (2013), « La série Paul de Michel Rabagliati : récits d’espaces et de temps », Comicalités, « Représenter l’auteur de bandes dessinées», https://journals.openedition.org/comicalites/1566.
Fontaine-Rousseau, Alexandre (2015), « Pour une politique de l’espace », Sentinelle, n° 1, p. 53-55.
Giaufret, Anna (2016), « Les jeunes auteures francophones de bandes dessinées à Montréal : pratiques, réseaux, représentations », Alternative francophone, https://ejournals.library.ualberta.ca/index.php/af/issue/view/1739/showToc.
Giaufret, Anna (2021), Montréal dans les bulles. Représentation de l’espace urbain et du français parlé montréalais dans la bande dessinée, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval.
Groensteen, Thierry (2011), Bande dessinée et narration : système de la bande dessinée, 2, Paris, PUF.
Hatfield, Charles (2005), Alternative Comics : An Emerging Literature, Jackson, University Press of Mississippi.
Lemay, Sylvain (2016), Du chiendent dans le printemps, Montréal, Éditions Mém9ire.
Peeters, Benoît (2002), Lire la bande dessinée, Paris, Flammarion.
Viau, Michel (2021), BDQ : Histoire de la bande dessinée au Québec.1. Les pionniers de la bulle : des origines à 1968, Montréal : Station T, 2021.
Viau, Michel (2021), BDQ : Histoire de la bande dessinée au Québec. 2. Le printemps de la bande dessinée québécoise : de 1968 à 1979, Montréal : Station T, 2022.
Voix et images, n° 128, hiver 2018 : « La bande dessinée québécoise ».