Les gagnants des prix Bédélys 2018 enfin révélés !
Le 24 mai 2019 se tenait à L’Espace La Fontaine, le cocktail d’ouverture du Festival BD de Montréal (FBDM). C’est lors de cette soirée qu’était également présentée la 20e remise des prix Bédélys.
Pour la première édition organisée par le FBDM, beaucoup de personnalités du milieu de l’édition et du 9e art étaient présentes. Comme à l’habitude, quatre prix ont été décernés; le prix Bédélys étranger, jeunesse, indépendant et Québec .
Le prix Bédélys étranger a été remis par Francois Mayeux, fondateur du FBDM et Promo 9e art.
Les nommé.e.s 2018 étaient:
- Journal d’Italie, tome 2, David B. (Delcourt)
- Claudine à l’école, Lucie Durbiano (Gallimard)
- Les Rigoles, Brecht Evens, (Actes Sud)
- Moi ce que j’aime, c’est les monstres, Emil Ferris (Alto)
- Ted drôle de Coco, Émilie Gleason, (Atrabile)
- Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien, Ulli Lust (Çà et là)
- Serena, Risbjerg et Pandolfo (Sarbacane)
- Courtes distances, Joff Winterhart (Ça et là)
- Les égarés de Déjima, Foletti et Wouters (Sarbacane)
- Sunny Sunny Ann, Miki Yamamoto (Pika)
C’est Courtes distances de Joff Winterhart qui a remporté le prix Bédélys étranger 2018.
Improbable et attachant duo, Sam et Keith Nutt sont les deux personnages de ce road-trip du quotidien de représentant dans une petite ville anglaise. Dans des tons de bleu et blanc, parfois sépia, Joff Winterham nous raconte le lent retour à la vie de Sam, jeune homme en dépression un peu perdu. A travers ses dessins qui s’attardent aux infimes détails d’un corps ou d’un panneau, Joff Winterham parvient à nous rendre passionnante cette histoire faussement simple.
Pour la catégorie jeunesse, c’est Maxime Beaulieu, responsable de la remise des prix Bédélys pendant 8 ans, qui a remis le prix Bédélys jeunesse.
Les nommé.e.s 2018 étaient:
- 13e avenue. 1, Geneviève Pettersen ; illustrations, François Vigneault (La Pastèque)
- Le garçon sorcière, Molly Knox Ostertag (Scholastic)
- Les Mythics t.1 Yuko, scénario Philippe Ogaki ; illustrations Jenny (Delcourt)
- Island Deus ex machina, scénario Sébastien Mao ; dessins Pierre Waltch. (Bamboo)
- La rivière à l’envers. 1, Tomek / scénario, Maxe L’Hermenier ; dessin, Djet ; couleur, Parada (Jungle)
Le garçon sorcière de Molly Knox Ostertag a remporté le prix jeunesse 2018.
Cette année, les jeunes jurés ont choisi de mettre de l’avant un récit d’aventure fantastique qui a néanmoins a son cœur un enjeu très actuel. Dans Le garçon sorcière, Molly Knox Ostertag met en scène un jeune héros, Aster, qui refuse de se conformer à la vieille tradition familiale qui dit : les garçons deviennent des métamorphes et les filles des sorcières. On retrouve donc au coeur de cette bande dessinée une recherche d’identité et un questionnement par le protagoniste sur les rôles de genre qui sont attendus de lui. Cette réflexion se fait tout simplement et et de façon fluide. L’évolution de la réflexion d’Aster est crédible, pleine de doute et de curiosité et une fois accomplie semble tellement naturelle qu’on ne peut douter de sa véracité. Ostermag a aussi charmé le jury par l’univers cohérent et intriguant qu’elle a tissé, ou la diversité est à l’honneur et les éléments fantastiques sont bien imbriqués avec le mondain. Un dessin clair et coloré et un bon découpage épaulent bien le scénario et le dynamise. Les jeunes lecteurs de Langelier, Le Prévost et Père-Ambroise vous conseillent donc de lire Le garçon sorcière. Vous y découvrirez que le vrai courage n’est pas d’affronter un monstre terrible mais plutôt d’être soi même dans une société qui encore accepte mal la différence.
Quant à lui, le prix Bédélys indépendant a été remis par Louise Guillemette-Labory, la présidente du conseil d’administration du FBDM.
Les nommé.e.s 2018 étaient:
- Tout va bien / Everything’s fine, Anouk
- Oslo l’à moitié mort, Skip Jensen (Éditions Trip)
- C’est comme ça que je disparais, Mirion Malle
- Mon beau petit nombril, Mathieu Massicotte Quesnel (Éditions Trip)
- La fois où je suis tombé au carrefour, Daniel Pelchat (Éditions Trip)
C’est Daniel Pelchat avec La fois où je suis tombé au carrefour qui a remporté le prix Bédélys indépendant. Il se mérite également une bourse de 1000$ et une table pour la prochaine édition du festival, le tout offert le FBDM.
Graphiquement éclaté à souhait, La fois où je suis tombé au carrefour de Daniel Pelchat nous plonge dans un court récit aux accents psychédéliques. En effet, ce qui devait n’être qu’une simple visite au Carrefour Laval se transforme au fil des pages en un voyage de plus en plus halluciné. Ainsi, l’auteur déjoue les attentes en transformant une expérience banale en démonstration efficace de l’intériorité d’un personnage qu’on devine d’abord en proie à l’anxiété, puis à la recherche d’une certaine sérénité. L’originalité de cet album réside notamment dans le fait que ce cheminement psychologique se reflète dans le style graphique à la fois changeant et extravagant; l’auteur n’hésite pas à déconstruire les cases et à changer de médium ou de palette de couleurs de page en page. Bref, Daniel Pelchat propose ici un premier album réussi, à la fois introspectif et délirant, teinté d’un étrange mélange d’angoisse et d’euphorie. Un beau trip!
Finalement le prix Bédélys Québec a été remis par Michel Lévesque, président de l’organisation Les Amis de la Bibliothèque de Montréal.
Les nommé.e.s 2018 étaient:
- De concert, Jimmy Beaulieu, Sophie Bédard, Vincent Giard et Singeon (La mauvaise tête)
- Folk, Iris (La Pastèque)
- Je est un hôte, Robert Marcel Lepage (La mauvaise tête)
- La petite Russie, Francis Desharnais (Pow Pow)
- La vie d’artiste, Catherine Ocelot (Mécanique Générale)
C’est Catherine Ocelot avec son œuvre La vie d’artiste qui a remporté le prix Bédélys Québec 2018. Elle repart avec une bourse de 1000 $ offerte par Les Amis de la Bibliothèque de Montréal.
À travers le récit d’entretiens menés avec différents acteurs du milieu culturel québécois, Catherine Ocelot entreprend, dans La vie d’artiste, une réflexion sur la création. Au fil de ses discussions, c’est sa pensée qui évolue, ce qui transforme le projet d’autofiction qu’elle avait d’abord conçu. Ainsi, les scènes de la vie privée qui entrecoupent les entrevues contribuent tout autant au propos de l’autrice qui arrive habilement à créer une œuvre à la fois intime et collective. En effet, le projet dépasse le milieu artistique puisqu’il aborde des thèmes aussi universels que la réussite, l’échec, l’angoisse, le doute. Le jury a été tout particulièrement charmé par l’originalité avec laquelle le sujet est traité. Les rencontres ont lieu dans des endroits tous plus surprenants les uns que les autres : un arbre, une piscine, un aquarium, et les personnages ont tous une apparence mi-humaine mi-oiseau. Ces éléments à la fois farfelus et symboliques permettent de rendre les réflexions avec humour et donnent une profondeur à l’œuvre puisqu’on y découvre de nouveaux aspects à chaque lecture. Mentionnons aussi la qualité du dessin et des couleurs vives qui font de La vie d’artiste un album dans lequel on a envie de plonger.
Cette année marque le 10e anniversaire de création des trophées Bédélys par l’artiste Karl Dupéré-Richer. Pour souligner cette occasion, le créateur a appliqué une peinture phosphorescente sur tous les trophée.
Le FBDM souhaite remercier toutes les personnes présentes le 24 mai dernier. Félicitation également à tous les finalistes ainsi qu’aux gagnants et gagnantes de la 20e édition des prix Bédélys.
Rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle célébration de la bande dessinée !