Louise Guillemette-Labory, la nouvelle présidente du FBDM!
La BD, Louise Guillemette-Labory s’y intéresse depuis longtemps. Membre du conseil d’administration du FBDM depuis plus de trois ans et ex-directrice du Réseau des bibliothèques de Montréal, cette bachelière en lettres a récemment accepté la proposition de François Mayeux de le remplacer à titre de présidente du Festival BD de Montréal. Nous l’avons rencontrée, avec quelques questions en tête.
J’ai lu beaucoup de bandes dessinées et j’en suis toujours amoureuse. Dans les années 70, j’allais à un festival de BD à l’Université de Montréal, où j’ai pu rencontrer mes idoles : Lauzier, Gotlib, Bretécher, etc., en plus des Québécois qui commençaient à se faire connaître, comme Réal Godbou
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter la présidence du FBDM?
J’ai accepté de suivre le chemin tracé par François Mayeux, à qui l’on est tous redevables. Il a fait un travail extraordinaire en créant ce festival et en supportant toujours la BD. À sa demande, je suis devenue membre du festival et je vais endosser le poste de présidente. Ce que je propose aujourd’hui, c’est de structurer un peu plus l’association tout en gardant son identité propre qui est très forte. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de grossir très rapidement.
Ce dont on a besoin maintenant, c’est d’apporter des structures qui vont nous permettre de prendre de l’expansion, grossir en termes de reconnaissance, de notoriété, afin d’être davantage présents grâce à des événements et activités récurrents pour promouvoir la BD d’ici notamment. Mais le FBDM demeurera toujours au cœur de la démarche.
Quelle différence voyez-vous entre vos lectures des années 70 et celles d’aujourd’hui?
C’est comme si la BD – québécoise en particulier – était devenue adulte. C’est une BD assumée qui peut s’adresser aux enfants, aux ados, mais aussi aux adultes. Ceux qui lisaient Tintin dans les années 70 vont lire aujourd’hui du Rabagliati, mais également du Zviane et toute cette belle communauté d’une grande effervescence. Il y a plusieurs irréductibles Québécois qui peuvent rayonner à travers le monde. La qualité de travail qui se fait ici qui est absolument incroyable.
« La BD, c’est pour les enfants! » Qu’est-ce qu’on répond à ça en 2018?
Vous ne savez pas ce que vous manquez! Il y a tellement de choix pour les adultes. Ce qui est intéressant avec la BD, c’est qu’elle peut être intergénérationnelle. On peut avoir autant de plaisir à lire une BD qui s’adresse à un jeune public que dévorer un roman graphique visant un public adulte, qui traite de sujets plus en profondeur et exige un peu plus d’expérience de vie pour bien saisir. On a fait des pas de géants en peu d’années.
D’un point de vue de bibliothécaire, on a souvent affirmé que pour intéresser les jeunes à la lecture, il fallait passer par la BD. Toutefois, c’est une lecture très exigeante. Oui, il y a peut-être souvent peu de texte, voire même une absence complète de texte, mais il y a les illustrations. Et il y a une intelligence entre l’illustration et le petit phylactère. Des liens sont à faire, et c’est là que se trouve la richesse. On va la lire deux, trois fois, et on va toujours y trouver quelque chose de nouveau. On peut garder ça simple et ne pas se poser trop de questions, mais si on veut aller plus loin, il y a tout ce qu’il faut.
Où sera le FBDM dans 4 ans?
Le FBDM en lui-même va attirer beaucoup de lecteurs, il va avoir davantage de notoriété et sera plus présent tout au long de l’année. Il va développer des créneaux, des axes qui vont être différents. Par exemple, un duo cinéma-BD ou jazz-BD – je suis une grande fan de jazz. Ça se marie très bien. De nouveaux créneaux feront ressortir toute la richesse et le potentiel de la BD et la faire voir sous des angles nouveaux.
Quels sont vos incontournables?
Chez les Québécois, il y a Red Ketchup (Réal Godbout, Pierre Fournier), Paul (Michel Rabagliati), Magasin Général (Régis Loisel, Jean-Louis Tripp). Pour moi, il y aura toujours Astérix et Tintin… La plupart des gens de ma génération ont été touchés par ceux-là. Bretécher, Gotlib, Fred; tout le groupe de Dargaud, ce sont des incontournables!
Qu’est-ce qu’on offre à quelqu’un qui connaît peu la BD?
Ca dépend des gens. Si je veux leur faire aimer la BD, je dois m’arranger pour qu’il y ait une rencontre. Alors je dois connaître la personne. Pour une jeune femme émancipée, Zviane est un incontournable, à titre d’exemple. Tout ce que Jean-Paul Eid (La femme aux cartes postales, Jérôme Bigras) a fait mérite d’être connu. Mais je dois d’abord connaître la personne. Après cette rencontre, ça peut s’ouvrir et prendre toutes sortes de directions, mais c’est le lecteur lui-même qui doit faire cette recherche. Il faut que la rencontre soit assez forte pour déclencher ce goût d’aller voir ailleurs.